[l’intégralité du contenu de l’article est tiré d’une interview de Sophie Gourion http://www.youtube.com/watch?v=JHTBPHp_2g8]

Elles sont twitteuses, conférencières TED, laissent une empreinte repérable sur la blogosphère, sont recherchées pour leur expertise et connues pour avoir fait de leur genre un atout de valorisation de leurs compétences ; les femmes du web sont des phares pour bien des internautes de quelque sexe qu’il soit. Et pourtant… D’après une enquête récente analysant les biographies sur les profils Twitter, il apparaît que les femmes auraient moins d’influence que leurs homologues masculins. D’où vient cette différence et comment faire en sorte qu’elles valorisent aussi bien que les hommes leur marque personnelle ?

« Le » spécialiste

Quelques chiffres d’abord, pour donner une idée du paysage. Dans les bios Twitter, 85{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} de ceux qui se décrivent comme « spécialistes » sont des hommes ; 96{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} des adjectifs négatifs sont utilisés par des femmes, lesquelles parlent fois plus de leur vie personnelle que de leur vie professionnelle.

Qu’est-ce qui bloque les femmes dans la valorisation de leur image de marque ?

Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, à savoir qu’internet permettrait un affranchissement des codes genrés, une mise en scène décomplexée des savoir-faire autant que des ambitions dans l’agora que représente Internet, les femmes rencontreraient sur la Toile les mêmes freins que dans la vie réelle.

À l’origine, une éducation

Premier signe constaté : la confiance en soi est plus manifeste chez les hommes : l’enquête indique que si l’on compare les blogs, on constate que très souvent les hommes se présentent avec photo à l’appui directement sur la homepage, alors qu’il faut pousser jusqu’à la rubrique « à propos » pour trouver ces mêmes informations chez une femme. Plus en retrait, elles mettraient davantage en avant leurs qualités propres que les atouts relatifs à leur parcours professionnel. Etre apparent sur la Toile et faire parler de soi revient à être compétitif, à se battre dans la mêlée et à se confronter aux autres, or il existe une différence culturelle : on apprend aux petites filles à écouter – voire se taire – alors qu’on pousse les garçons à parler en public, et même on ne trouve pas anormal qu’ils parlent plus fort que les autres. La discrétion demeure trait de féminité quand la prise de pouvoir implique appropriation de l’espace, mise en avant de soi ; caractéristiques communément attendues chez les hommes.

Deuxième indice de blocage dans la valorisation de leur image de marque : les femmes ont le goût du collectif et préfèrent attribuer leur réussite personnelle à un groupe plutôt que se les approprier elles-mêmes.

Jouets de leur propre censure 

L’enquête montre aussi une propension au caviardage sur elles-mêmes que les hommes ne partagent pas. Naturellement typés « féminins », les blogs mode ou cuisine seraient le fruit d’une autocensure naturelle dont les femmes influentes sur le Net se sont départies pour se préoccuper de topiques qui intéressent les hommes, donc vont générer une plus grande influence sur l’ensemble du lectorat.

Au contraire de la majorité des bloggeuses, les papesses du 2.0 choisissent d’explorer d’autres territoires comme la politique, les nouvelle technologies ou le sport plutôt que se cantonner à des thématiques dites féminines. C’est ce qui fait leur force : elles se placent sur le même terrain que les hommes, savent se mettre en avant et sont naturellement suivies par un public très large.

Et mon image à moi ?

Quels conseils alors pour construire son personal branding, particulièrement quand on est une femme ? Vaste thème, que nous traiterons à l’avenir sous différents angles.

Assumer que partout, votre image vous suit ; autant la maîtriser. Quelque soit le réseau social, parler clairement des faits et des objectifs, les chiffrer, ne pas hésiter à mettre en avant ses compétences professionnelles, que ce soit sur des comptes comme Viadeo, Linkedin, Twitter ou facebook ; cela valorise votre profil. Par ailleurs, si Twitter ou facebook sont des outils de socialisation, mentionner vos centres d’intérêt professionnels peut toujours tomber sous les yeux d’un follower intéressé par vos hashtags ou d’un ami d’ami électrisé par vos statuts facebook. À ne pas négliger.

Parler franchement, sans complexer ni verser dans la mégalomanie. S’affirmer ne signifie pas être mégalo – conduite qui rebute et renvoie très vite à la case « suspect ». Au contraire, l’affirmation de soi donne envie de suivre celui qui s’assume. En ce sens, « spécialiste », « chef d’entreprise », ne sont pas des gros mots, il faut les utiliser sur les réseaux sociaux s’ils correspondent à la réalité.

Quant aux femmes, parler politique, High-tech, sport. Les femmes influentes sur le Net ont admis que s’exprimer sur le réseau des réseaux leur octroyait un pouvoir habituellement réservé aux hommes. Les autres doivent s’en inspirer : elles n’ont pas à rougir de s’autoproclamer spécialiste dans ces domaines.

Avant d’être suivies par des centaines de padawans, les maîtresses Jedi de la Toile ont bien dû commencé par se faire connaître, elles aussi.