La culture du mail en entreprise le meilleur ennemi  de notre millénaire et cela toute génération confondue. Avons-nous perdu la tête ou encore sommes-nous sujets à une crise aigüe et frénétique  du clavier ? Ne pouvons-nous plus  nous parler, nous expliquer, nous confronter, voire  nous justifier face à face?

 culture mail entreprise

E-mail et langoureux vertige baudelairien !

En France nous envoyons en moyenne et par an (chiffre de 2009, je n’ai pas ceux de 2013, et je crois que cela vaut mieux !)  25, 9 millions de mails, nous en recevons 1,4 milliard (hors spam).

Notre journée  moyenne « mail » se déroule ainsi et nous le vivons comme cela :

  • 72 courriels reçus par jour
  • 33 envoyés par jour en entreprise par chaque collaborateur.
  • 43 {c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} des salariés français sont interrompus au moins toutes les dix minutes
  • 31 {c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} avouent être distraits dans leur travail

Sources : (Radicati Group) (Créfac) (Médiamétrie)

 

Dis Maman cela s’écrit comment « Rencontre » avec un « A»,  6 « N » et un « X » non ?

La première conséquence de « langoureux vertige » à la Baudelaire, ce sont nos petites phrases clés  reconnues de tous et prononcées 154 fois par jour… au moins :

  • T’as vu mon mail ?
  • Je te fais un mail  et sa variante : Je t’ai fait un mail !
  • Je lui réponds par mail …
  • J’ai 700 mails non lus, donc non je n’ai pas encore eu le temps de voir ou de lire le tien?
  • Mais tu étais en copie de mon mail !!!!!!!!!
  • Ma boite mail a planté, je n’ai pas archivé, effacé, supprimé, et l’autre « débile » m’a adressé une pièce jointe dépassant la capacité autorisée
  • J’comprends rien à ton mail, t’es Mac toi, non ? …

La deuxième conséquence est notre style littéraire qui s’appauvrie à vue d’œil, pardon je voulais dire à vue de mails :

  • Objet : RE : RE : RE : RE : RE :  » commande « , ou  » informations « ,  » news « , « propositions », « rendez-vous »…
  •  » Salut ! « , « coucou », « Hello ou alternative avec Hey ! »  Re-moi  » ou  » — « 
  • Nos abréviations adorées que dis-je vénérées : Rdv, Ns, Vs, qqch, cad, cdt
  • Mais surtout nos grands Absents : Bonjour, Bonsoir, Paul, Martine, Ernest, Monsieur, Madame … Merci, bien cordialement, Respectueusement … Bisous
  • Enfin, nos smiley indispensables à tout bon mail réussi : 😉 (tout est ok, super, hyper méga génial…) ou encore L (nul, c’est mal, ce n’est pas bien du tout….) bref, résumant tout ce que nous ne voulons pas  vraiment écrire, ou du moins de manière fun, pas trop vindicative mais quand même un peu.

La troisième conséquence : entre efficacité et dédouanement

Nous en devenons discourtois et peureux. Nous ne mettons ainsi plus ou peu  de distance avec nos destinataires. Les mots  que nous utilisons dans l’instant T peuvent être  durs, accusateurs. Ils font voler en éclat toute  barrière sociale, voire l’entendement.  Tout cela devient extrêmement violent mais surtout ça laisse des traces indélébiles  auprès des partenaires ou des collaborateurs.

Nous  sommes si pressés que  nous écrivons du tac au tac, à la va-vite, sans considération pour l’autre.  Nous demandons  ainsi un vrai  effort à notre destinataire qui, lui, doit  par contre savoir nous lire, nous décrypter, compléter et surtout nous répondre dans la minute.

Je n’évoque même pas les fautes de français (comme les fautes d’orthographe)  qui sont d’un effet désolant. Petit conseil,  n’hésitez pas à prendre un dictionnaire, vérifier les règles de grammaire, ou vous faire relire. Franchement, parfois, c’est mieux, oui vraiment, je vous assure !

 

Sujet, Verbe, Complément : swag ou pas !?

Redonnons du bon sens, de la bonne pratique mais que diable de l’utilité à nos échanges mail.

Pensons aussi à notre ordinateur et par conséquent à notre boite mail si précieuse et indispensable : allégeons là.

Remettons de l’humain dans nos relations professionnelles.

Osons la réflexion pragmatique : « la porte de mon collaborateur, collègue est au fond du couloir. Mon client serait certainement ravi que je traite ce sujet en face à face, il est épineux, sensible, important, ou tout simplement cela  ne serait-il pas plus convivial et humain, une vraie relation physique avec nos collaborateurs et partenaires ? »

Plus de la moitié de nos e-mails  pourraient être évités en échangeant trois mots avec nos collègues. Ah OUI, c’est dingue ça !

 

Pour conclure : Le miracle 2014,

 Ne serait-il pas celui d’inciter les gens à quitter leurs bureaux, susciter les rencontres improbables,  recréer les flux de communication et de pertinence.

Oui le mail est   connectif, sans être collectif, mais il reste  indispensable.

 

Toutefois, comme  le soulignait  Steve Jobs, « ne perdons pas la magie des heureux hasards que provoque la rencontre »…  probablement influencée par un e-mail

 

 

Les petites confidences Emploi par Pascale SOLONA