Tendance montante dans la formation initiale, la pédagogie inversée décrit, dans la formation continue, des pratiques qui misent aujourd’hui sur le numérique pour dynamiser et consolider les apprentissages.
Si dans la formation initiale cette pratique est vue comme révolutionnaire elle est de plus en plus intégrée dans la pratique des formateurs en entreprise, en particulier grâce au blended learning, certains formateurs pratiquant déjà, sans le savoir la pédagogie inversée, comme M.Jourdain la prose.
Apprendre de manière plus opérationnelle
La pédagogie inversée est née aux Etats-Unis, et y a pris une place prépondérante aussi bien dans l’enseignement auprès des enfants, que des adultes en entreprise. Et c’est l’irruption du numérique dans la formation qui a permis son essor en entreprise. Elle consiste en la mise à disposition des apprenant-e-s, avant la session de travail, d’un ensemble de supports et d’outils numériques permettant de découvrir le sujet et de le préparer seul-e. La dimension théorique du sujet est donc étudiée en amont du temps en présentiel. La session de travail de groupe vise ensuite à permettre le partage et l’approfondissement des notions pré-étudiées entre apprenant-e-s. C’est donc la dimension pratique, de mise en application, d’appropriation et d’assimilation (souvent la plus complexe) qui est le seul objet de la session de travail. Le formateur a, lui, un rôle d’accompagnateur dans l’appropriation du savoir.
Pourquoi la pédagogie avancée est selon moi l’avenir de la formation ?
Pour avoir pratiqué en tant qu’apprenant et en tant que formateur ces deux modes de formation, je ne vois que des avantages à la pédagogie inversée :
- Individualisation voire personnalisation de l’apprentissage, en fonction des préparations demandées,
- Travail en mode collaboratif des apprenant-e-s, et apprentissage par l’action,
- Créativité stimulée au sein du groupe,
- Autonomie et autonomisation de l’apprenant-e,
- Plus grande implication et motivation des apprenant-e-s qui savent qu’ils ne s’ennuieront pas en formation, car ils seront activement sollicités.
- Des formations plus courtes, plus denses, donc moins onéreuses pour les entreprises et moins chronophages pour l’apprenant-e.
- Appropriation plus concrète et opérationnelle des apprentissages.
- Un rôle plus actif du formateur qui s’enrichit lui même à chaque session de par l’interactivité avec les apprenant-e-s
Des limites qui ne sont pas insurmontables :
- L’outil numérique doit être au service de l’apprentissage et pas le contraire.
- La préparation de tels modules de formation demande u travail de structuration plus important de la part du formateur, au risque de passer à côté des avantages de la pédagogie inversée. De plus son rôle évolue et il doit pouvoir déployer des compétences qui s’apparentent à du conseil et de l’accompagnement ;
- Disparité au sein du groupe, si tous les apprenant-e-s n’ont pas préparé la session de travail.
La balance semble bien peser du côté des avantages de la pédagogie inversée. Pourtant son usage ne se concrétise pas encore suffisamment en France, tant dans l’enseignement supérieur que dans la formation professionnelle. La remise en cause du rôle majeur de l’enseignant ou du formateur comme seul sachant, détenteur de la connaissance et passeur de savoir est plus difficile.
La révolution n’est donc qu’à ses débuts et comme souvent en France, le changement sera long, mais est inéluctable.
Rétroliens/Pings