Chaque semaine, retrouvez dans cette rubrique notre veille RH : les articles les plus marquants dans le domaine des RH et du recrutement.
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A la semaine prochaine ! «
Pourquoi la création d’emplois ne permettra pas de réduire le chômage en France.
Le monde de demain sera encore plus complexe, moins lisible qu’aujourd’hui. La situation de la France était préoccupante dans les domaines de la recherche et de l’innovation, du commerce et des exportations. Nous constatons que la désindustrialisation est plus importante que dans les autres pays européens avec toutes ses conséquences, la décroissance de ses effectifs et un chômage endémique. La place qu’occupera la France dans le monde serait d’après toutes les études fortement remise en question tant sur l’aspect économique que sur l’aspect social si des changements importants n’étaient pas mis en œuvre.
Nous serons plus de 30 millions d’actifs en 2030, contre 29 millions aujourd’hui. Nous aurons un niveau de chômage toujours important. Il sera sans doute en régression par rapport à celui d’aujourd’hui ; probablement par effet mécanique, mais aussi par la suppression des statistiques des personnes en recherches d’emploi qui ne seraient plus dans les critères reconnus. Pour obtenir une diminution du nombre de demandeurs d’emploi (moins de 2 millions par exemple, soit 7% de taux de chômage[1]) les entreprises devraient créer plus de 2,5 millions d’emplois sur la prochaine décennie[2].
Nous avons fait le constat que tous les actifs ne pourront pas trouver un emploi. Ceux qui le pourront ne le feront sans doute pas dans des conditions optimales de sécurité et de rémunération par rapport à leur exigence. Les recrutements proposés ne seront pas dans les mêmes secteurs de l’économie ni dans les mêmes régions que les emplois qui seront supprimés. Les statuts des travailleurs vont probablement changer dans des proportions importantes du fait des nouvelles modalités législatives. Les contrats de missions (de projet ou de chantiers) pourraient remplacer une grande partie des CDI et des CDD à moyen terme, la part des intérimaires qui est importante aujourd’hui va décroître pour les mêmes raisons.
Nous pensons également que rien n’indique que les emplois nouveaux compenseront les emplois perdus ni qu’ils seront offerts équitablement à tous les demandeurs.
L’emploi sera plus instable et nécessitera d’être plus réactif et plus agile du fait des nouvelles modalités liées aux évolutions législatives et technologiques.
Les plus diplômés ou ceux dont les compétences seront les plus recherchées trouveront probablement un emploi du type CDI dans un métier valorisant[3].
La plus grande masse des futurs travailleurs dont le diplôme et les compétences ne seront pas parmi les plus recherchés par les entreprises pourraient aussi trouver un emploi. Ces emplois seront probablement plus instables et moins sécurisants que ceux d’aujourd’hui[4].
Les moins pourvus en diplôme ou ceux dont les qualifications ou les compétences ne seront pas recherchées absolument par les entreprises pourraient aussi trouver un emploi, mais probablement avec un statut plus précaire.[5]
Le chômage concernerait comme aujourd’hui une majorité de personnes déjà fragilisées par un système vécu comme inégalitaire. Il concernerait comme aujourd’hui beaucoup de jeunes[6] sortis du système éducatif sans diplôme ni qualification suffisante pour accéder à un emploi stable[7].
Cette situation n’est pas inéluctable bien que probablement réaliste.
Des conditions sont indispensables pour réussir le pari de la croissance et de la création d’emploi, elles ont été présentées en fin du premier chapitre, mais elles sont insuffisantes !
Elles ne sont pas suffisantes si chaque personne ne s’investit pas totalement dans son projet personnel. Nous pensons que chaque actif pourrait réussir conjointement son épanouissement personnel et professionnel. Cependant pour être objectif, il ne pourra compter que sur ses capacités personnelles d’investissement et d’adaptation. Son diplôme, ses compétences, son aptitude à se projeter, sa volonté de se démarquer des autres postulants pourraient faire la différence.
C’est la condition de réussite la plus importante selon nous. Elle est aussi la plus difficile à mettre en œuvre pour la plupart des personnes. Elles doivent se mettre en mouvement, passer d’une posture d’attente (voire défensive) à une posture proactive.
Pour imager la posture la plus habituelle, nous proposons de revoir la morale de la fable de la grenouille. Si nous mettons une grenouille dans une casserole d’eau bouillante, elle va se débattre pour s’échapper, la plupart du temps il sera trop tard pour le faire. Si la grenouille est mise dans la même casserole, mais avec de l’eau froide que l’on fait chauffer progressivement, la grenouille ne bougera pas, et finira par mourir cuite… Être proactif c’est faire le contraire de la grenouille dans l’eau froide, se mettre en mouvement pour changer avant qu’il ne soit trop tard !
Être proactif, c’est anticiper, réfléchir aux évolutions de notre métier, concevoir son futur dans un environnement mouvant, souvent sans avoir la certitude que les choix sont les bons et qu’ils seront porteurs. Mais c’est surtout gérer son projet professionnel pour préparer les 10 prochaines années et celles d’après. C’est anticiper les éventuelles transitions entre plusieurs métiers, entre plusieurs postes, entre plusieurs employeurs, entre des statuts et des situations qui pourraient être totalement différents.
Chacun est le « maître de son destin ».
Avoir connaissance des enjeux, des opportunités et des risques permet de se représenter formellement la réalité et d’échapper en partie aux « représentations » faussées par les émotions. C’est une première démarche, elle doit s’accompagner d’actions personnelles qui permettront de mieux s’adapter aux changements permanents et à la complexité de notre environnement.
Nous pensons que les deux exemples de personnes que nous avons présentés sont représentatifs des situations que peuvent rencontrer tous les travailleurs.
Nous avons défini les modalités dans le quatrième chapitre par lesquelles un travailleur peut dès aujourd’hui, et sans attendre 2030, se mettre en mouvement, se documenter, se former, prendre les décisions pour préparer son avenir, et surtout mettre en œuvre des actions pour réussir cette transformation.
Nous avons également esquissé les raisons pour lesquelles la difficulté la plus importante est d’acquérir suffisamment d’autonomie et de liberté dans ses choix de vies face aux conditionnements qui nous limitent. En effet, nos choix sont étroitement dépendants de notre milieu, de notre éducation. Le contexte familial et professionnel nous impose ses contingences, difficiles à « contourner ».
L’acquisition de connaissances nouvelles dans tous les domaines pour élargir notre spectre culturel est un moyen de se libérer en partie de ces conditionnements. L’approfondissement de certains domaines qui nous apparaissent primordiaux fait partie des démarches les moins coûteuses en argent. Nous pouvons mettre en œuvre ces moyens, grâce aux systèmes de formation à distance, à la documentation qui existe sur internet, aux forums et aux réseaux sociaux. Leurs effets sont progressifs et conjugués, ils perdurent et assure une base cognitive et psychologique solide.
L’acquisition de nouveaux diplômes en utilisant la VAE est un moyen efficace, moins complexe qu’il n’en a l’air. La VAE enrichit un CV, par l’acquisition d’une qualification ou d’un diplôme. En établissant le dossier d’instruction, la personne réalise dans les faits un véritable bilan de compétences en définissant ses capacités, et ses aptitudes. La VAE permet enfin d’augmenter ses chances de réussites dans une démarche de changement d’employeur voire de métier.
Mais, au-delà du niveau de diplôme, nous pensons que c’est sur les compétences et sur la capacité à agir que se fera la différence.
L’envie de réussir conjointement sa vie professionnelle et personnelle, d’acquérir les outils intellectuels et cognitifs pour s’épanouir nécessite essentiellement la volonté de faire, de s’investir.
Je suis maître de mon « destin » !
Nous pensons justement qu’en ce qui concerne notre « destinée », rien d’autre n’est écrit à part le mot fin. Le conditionnement social s’il est avéré peut-être cependant dépassé. Nous en avons apporté la preuve avec nos deux exemples de personnes[8] et notre histoire personnelle le prouve également. La démarche de résilience associée aux autres méthodes et outils, et utilisée avec discernement et volonté le permet.
La réussite de notre vie personnelle (et notre vie professionnelle, ce livre a ce sujet pour thème) dépend seulement de notre volonté d’entreprendre.
Osons le faire !
[1] Estimation réalisée dans ce livre à partir des éléments de France Stratégie, Conseil Economique, social et Environnemental, Insee…
[2] Voir la question de mathématiques au début de ce livre. Les créations d’emplois d’ici 2020 sont estimées selon France Stratégie à 300 000. Aucune estimation réelle, n’a été faite sur les suppressions d’emplois sur la même période.
[3] Ou alors, ils feront le choix d’un statut d’auto-entrepreneur pour créer ou développer une entreprise.
[4] CDI ou Contrat de mission, de chantier ou auto-entrepreneur…
[5] CDD toujours, contrat de mission voire intérimaire ou stagiaire…
[6] Mais aussi beaucoup de moins jeunes, d’actifs pas assez qualifiés ni compétents selon les critères des entreprises.
[7] Malgré le plan d’investissement, et la nouvelle loi sur la formation professionnelle, dont l’apprentissage du gouvernement d’Edouard Philippe.
[8] Les situations présentées dans le troisième et quatrième chapitre sont réelles même si les personnages sont « fictifs ».