On réclame pourtant des diplômes pour des emplois considérés depuis longtemps comme facile d’accès : une hôtesse de caisse ne pourra prétendre à l’embauche sans un Bac+2. Heureusement, l’offre de formations diplômantes permet d’ouvrir d’autres voies à ceux qui demeurent sans travail, mais quel parcours pour parfois accéder à des emplois mal rémunérés et/ou pénibles !
C’est tout le paradoxe de l’époque : le discours courant consiste à pousser les jeunes à obtenir leur Bac, bien sûr – car sans le Bac, nulle voie possible vers les grandes écoles ou l’université – mais surtout à décrocher de plus en plus de diplômes… pour quoi faire ? Une fois sortis d’école, pourtant qualifiée et sur-qualifiée la jeunesse ne se voit offrir le plus souvent que des stages, et le discours « Vous n’avez pas de première expérience » sert de prétexte à une embauche jetable et précarisée.
Il y a de quoi s’interroger sur la réelle pertinence de cet enseignement visant à pousser les jeunes à faire des études pour obtenir des diplômes. Comment se motiver à étudier de longues années au prix de sacrifices souvent difficiles à supporter matériellement pour l’entourage et soi-même ? Comment faire espérer prospérité et réussite à toute une génération qui craint d’être contrainte à accepter un emploi sous-qualifié par rapport à ses compétences, faute de mieux ?
On ne s’étonnera pas qu’aujourd’hui la jeunesse se tourne vers des opportunités propres à notre époque : internet lui ouvre ses bras et c’est une occasion que bon nombre de jeunes entrepreneurs opportunistes et d’autodidactes accros aux nouvelles technologies sont en train de saisir.
De ces nouvelles technologies, celles de l’internet et par extension celles de la téléphonie mobile, des Smartphones et de leurs applications de plus en plus nombreuses, ont vues se développer de façon exponentielle les médias sociaux (dont l’actualité récente nous apporte aujourd’hui la preuve qu’ils sont incontournables) : Facebook et Twitter en tête, mais pas seulement. Et de ces médias sociaux sont nés de nouveaux métiers réservés aux autodidactes passionnés de réseaux et capables de faire réagir des communautés de sympathisants pour les fédérer : les community managers. Formés sans aucun outil autres que ceux qu’ils se sont appropriés, ils ont tout appris par eux-mêmes et sont en train de devenir la pierre angulaire de nombreuses sociétés qui recherchent ces nouveaux venus pour leur rapidité d’action, leur talent et l’image moderne qu’ils apportent.
Leur succès ne doit qu’à eux-mêmes, poussés par leur goût de rassembler (dans le cas de l’entreprise, c’est autour d’une marque ou d’un produit que se fera leur mission) et leur capacité à s’approprier un monde qui va très vite, et où chacun peut tirer son épingle du jeu s’il fait preuve d’audace.
Je lis souvent des articles sur la difficulté des jeunes diplomés à trouver un premier emploi. Mais à mon avis, un facteur est fréquemment oublié : la « prétention » de ces jeunes diplomés (et j’en étais un il y a quelques temps!). En effet, que ce soit en IUT, en Licence (pour mon cas) ou en Master, le corps enseignant nous assène à longueur de temps avec les différents postes (et le salaire qui va avec) auxquels nous pouvons prétendre une fois sorti de l’école. Et ils placent la barre assez haute (ah la valorisation du diplome…). Mais la réalité est tout autre. La majorité des postes présentés par nos enseignant requiert de l’expérience. Mais le jeune diplomé n’en a pas (ou peu). Et là, le serpent commence a se mordre la queue. Notre jeune diplomé ne veut pas commencer en bas de l’échelle, et ne postule qu’à des postes inaccessibles sans expérience, et ne veut pas revoir ses prétentions (difficile de croire que l’on nous aurait « menti » pendant des années…). Alors certes, il ne faut pas faire de généralité, mais je pense que cette catégorie n’est pas minime, et que le corps enseignant devrait peut-être avoir un discours qui « colle » un peu plus à la réalité du marché de l’emploi…