Aujourd’hui, à quoi ressemble une carrière ? Autrefois, l’employeur garantissait une certaine sécurité d’emploi, et faisait figure de pilier dans la vie de ses salariés. Or, la sécurité d’emploi s’estompe, et laisse place à l’employabilité, qui responsabilise l’employé face à son parcours professionnel.
Plutôt qu’une route droite et lisse, la carrière prend davantage la forme d’un chemin irrégulier comprenant des réorientations, des déviations, voire parfois des voies de garage, … Bref, un parcours professionnel n’est plus un long fleuve tranquille.
Alors, quelles démarches, autrefois superflues, deviennent aujourd’hui indispensable pour mener sa carrière avec fruit ? En quoi le travailleur peut-il s’inspirer de la gestion d’une entreprise ?
Alain Hosdey (2009) compare la carrière à une entreprise unipersonnelle. Procédant à un parallèle avec une entreprise classique, l’auteur présente plusieurs points d’alerte utiles pour le travailleur. Citons notamment :
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Identifier ses alliés et opposants : retracer son échiquier relationnel (sur le plan professionnel) permet de déterminer finement avec qui interagir et comment aborder ses interlocuteurs.
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Surveiller son image : construire et préserver une image positive ne relève pas du luxe car les partenaires professionnels (actuels ou potentiels) jugent également en fonction de l’image que la personne dégage.
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S’informer : mobiliser plusieurs sources d’informations et les consulter régulièrement est une tactique efficace pour se tenir à jour dans son secteur, et le cas échéant, pouvoir réagir rapidement lorsqu’un élément change la donne.
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Bien se positionner géographiquement : qu’il s’agisse de trouver un nouvel emploi, ou de réduire les trajets domicile/travail, le choix de s’implanter dans une région plutôt qu’une autre n’est pas anodin, compte tenu du secteur d’activité et des possibilités qu’offre la zone géographique.
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Définir ses valeurs : les valeurs servent de guide pour orienter ses objectifs et les actions qui en découlent.
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Réaliser une analyse SWOT : effectuer régulièrement un état des lieux sur sa situation personnelle (forces et faiblesses), ainsi que sur l’environnement (opportunités et menaces) donne une visibilité sur les actions à poursuivre ou à rectifier pour mener son projet à bien.
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Se fixer des objectifs : décrire précisément le résultat que l’on vise permet d’en déduire un plan d’action pour l’atteindre.
De même, le gold-collar worker Brian O’connell est un travailleur qui se différencie par un élan pro-actif se traduisant par des actions de gestion telles que :
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Entretenir son capital « compétences » : peaufiner ses compétences acquises, se recycler et acquérir de nouvelles capacités est le seul moyen de pouvoir faire face aux nouveaux défis qui se présentent.
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Faire preuve de curiosité : découvrir de nouveaux concepts, de nouvelles activités, … même en-dehors de son domaine, ouvre de nouvelles portes et facilite la créativité.
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Effectuer une veille : surveiller les tendances du milieu rend l’individu capable d’anticiper les changements.
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Créer des opportunités : prendre des initiatives pour organiser des rencontres, des évènements, … est un accélérateur de développement professionnel.
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Construire son réseau : acquérir et entretenir des contacts est une vitrine sur son activité professionnelle, et une source d’informations non négligeable.
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Développer son expertise dans un domaine spécifique : bien que la polyvalence soit fortement prônée, il est important de pouvoir se spécialiser.
Aux différentes actions déjà citées, les démarches suivantes peuvent également être envisagées :
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Développer sa marque : comme pour un produit matériel, l’individu doit se démarquer en cultivant sa marque personnelle, qui met en évidence sa plus-value (déclaration de mission, valeurs, talents, combinaison de compétences, …).
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Adapter son offre : ajuster ses produits / services en fonction de l’évolution du marché est une nécessité garder l’intérêt de ses partenaires/clients.
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Observer ses concurrents : il est rare d’être seul à exercer une fonction précise ; les « doubles emplois » sont donc fréquents (offres de service similaires). Repérer ce que les profils comparables proposent est donc nécessaire pour affiner une offre de service unique.
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Gérer le temps et l’argent : chaque profession demande des investissements temporels et financiers (formations, livres, cercles professionnels, échanges de pratiques, matériel informatique et de télécommunication, habillement, …). Il s’agit de pouvoir faire des choix et d’établir des priorités.
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Développer une stratégie : un projet ne se développe pas uniquement selon une logique rationnelle. Souvent, les facteurs humains, tout comme les aléas de l’environnement, entrent en ligne de compte. Il y a lieu de les prendre en considération pour en tirer le meilleur parti.
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Gérer les risques : certaines interventions comportent des risques (sur l’image, les contacts professionnels, …) et il faut pouvoir agir en connaissance de cause. Parfois, les circonstances nécessitent carrément d’oser prendre des risques.
La liste (non exhaustive) des actions reprises ci-dessus nous montre que le travailleur (même salarié) est en passe de devenir un gestionnaire. Manager sa carrière comme un business est l’enjeu futur de tout un chacun.