En avril 87, après l’achat de TF1 par Bouygues, le Monde fit sa une sous ce titre : « Le choc des cultures ».

De chaine historique, celle qui était la « première chaine » de l’ORTF et des Français, troquait son esprit de service public pour la privatisation par un magnat de l’industrie. En effet, la dénationalisation du premier média français, ce média populaire tellement intégré dans le paysage quotidien de chaque foyer, révélait un authentique « choc des cultures ».

De la culture d’entreprise, entre forme et fond

Toute entreprise, qu’elle soit privée ou publique, véhicule ses propres valeurs, a son organisation bien à elle, décide de ses codes. Qu’ils soient formels, à savoir qu’ils se distinguent par l’agencement des espaces de travail, les outils, et jusqu’à la tenue vestimentaire de chacun, ou informels et se situent dans ce que l’on nomme « l’esprit de l’entreprise », les signes de la culture d’entreprise évoluent au rythme des époques et s’adaptent aux mœurs. Néanmoins, pour perdurer la culture d’entreprise doit se distinguer, et pour se distinguer elle doit affirmer sa propre identité. Évoluer sans rompre pour asseoir son image sur la durée.

Ce jeu de miroirs permanent entre formel et informel constitue toute l’étrangeté de la culture d’entreprise. Que seraient les outils, les techniques, les technologies, sans esprit ? Que serait l’esprit sans ces techniques ? L’un ne va pas sans l’autre. Cependant, et au-delà de la forme, c’est bien le fond, c’est-à-dire les différentes façons de concevoir et de prendre acte des décisions face au marché, aux clients, au personnel, qui constitue le socle moral de l’entreprise, son capital humain.

L’humain, pivot des réseaux sociaux

L’humain est le socle de l’entreprise, son acteur principal et son meilleur promoteur. Qu’une entreprise ne prenne pas soin de ses salariés et elle sera dénigrée par eux-mêmes ; qu’une autre les valorise et ils en feront la promotion.

C’est là que le rôle des nouvelles technologies prend toute son importance. C’est en cela que son rapport avec les actifs est fascinant. Détestation ou esprit d’équipe, on peut, en un rapide survol de certains réseaux sociaux, s’apercevoir de la fierté ou de l’inimitié à appartenir à telle entreprise ou telle autre.

Outre les réseaux sociaux publics, à savoir Facebook, Twitter, ou Linkedin pour ne citer que ceux-là, les grandes entreprises lancent elles aussi leurs propres projets de réseaux sociaux : Danone, L’Oréal, Société Générale, France Télécom Orange, BNP Paribas, Alcatel-Lucent, etc.

Un paradoxe stimulant

En revanche, si initier un réseau social permet à l’entreprise de continuer à partager avec les salariés les codes des nouvelles générations, donner la parole aux salariés peut s’avérer délicat lorsque la compétitivité repose sur le secret de l’information, notamment dans le domaine industriel, bancaire ou de l’énergie. C’est là tout le paradoxe : laisser la libre parole tout en respectant la cohésion de la communauté.

Une communauté virtuelle bien réelle

Seulement 10{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} des projets sont initiés par les entreprises et le reste par les collaborateurs qui choisissent de regrouper la communauté autour d’un métier, d’une expertise ou d’une passion. La question est de savoir comment adapter le projet de réseau social à la culture de l’entreprise ? Tout dépend de l’option que prend celle-ci. Que sa priorité soit au collaboratif ou au métier, c’est à l’entreprise de développer le sentiment d’appartenance à une communauté, de créer du lien entre les collaborateurs et d’accompagner le développement de projets. C’est l’organisation de ces communautés, définie en amont autour de projets, d’expertises ou de passions, qui porte hors les murs la culture de l’entreprise 2.0.