Parler du courage implique naturellement de parler des peurs de chaque individu dans sa situation de travail.

Si le courage se définit par la capacité à surmonter ses peurs, alors le travail peut aussi constituer une épreuve de courage.

En effet qui n’a pas fait l’expérience de la peur en situation professionnelle. Peur de mal faire, peur de réussir, peur de déplaire, peur de ne pas y arriver, peur de perdre son emploi, peur d’un collègue ou supérieur hiérarchique…

Ces peurs deviennent parfois insurmontables non pas par manque de courage mais par accumulation de celles-ci au niveau externe et interne. Elles deviennent tellement présentes que l’individu au travail perd toute autonomie psychique voire même son sens des responsabilités. Elles poussent parfois à des actes désespérés (comme le suicide sur le lieu de travail) pour tenter de trouver un sens à son travail.

Et pourtant tant de salariés vivent dans la peur au travail. En consultation tous témoignent de cet étranglement, cette incapacité à trouver le moindre espace de réflexion et de prise de recul face à la charge de travail, aux impératifs de temps, aux objectifs quantitatifs, à la politique de qualité totale…

Quand le sujet au travail retrouve sa capacité d’agir face à ses peurs, il retrouve sa dynamique psychique, une partie de son autonomie et même du sens dans son travail. Inutile de vouloir tout affronter en même temps, se battre seul contre une armée semble bien sûr totalement vain. Mais s’attaquer à chacune permet à l’individu de retrouver du pouvoir sur sa vie professionnelle au quotidien.

Alors si le travail, c’est surmonter l’épreuve du réel, le courage fait donc bien partie du travail bien fait.

C’est pourquoi, en tant que psychologue clinicien du travail, mettre au travail les peurs individuelles et collectives est un élément essentiel de notre action (et c’est aussi l’occasion de travailler sur nos propres peurs…) afin de redonner du courage, de l’autonomie de décision et du sens à l’action individuelle et collective.

Le courant de psychologie clinique du travail, enseigné au CNAM, cherche à comprendre et à expliquer les processus psychiques mis en jeu dans l’activité, avec pour objectif d’aider un collectif professionnel à trouver les ressources pour surmonter les difficultés du travail, si possible en faisant évoluer le travail pour l’adapter à l’homme (et pas l’inverse). La clinique du travail regroupe les travaux en psychodynamique du travail (Ch. Dejours), en clinique de l’activité (Y. Clot) et en psychosociologie du travail (D. Lhuilier).