« Ce sont les petites choses qui rendent les grandes possibles. C’est une attention minutieuse au plus infime détail qui produit une action de premier ordre. » 
J. Williard Marriott. Fondateur et Président de Marriott Corporation

 

1. LA RECONVERSION EN CHANTANT

 

Lorsque j’étais « vorace » à Saint-Cyr, j’invitais les élèves officiers qui partaient au combat à entonner un chant.  Il me semblait que ceux-là étaient plus « militaires » que les autres qui, une fois le FINEX prononcé, laissaient éclater leur joie. De fait, rien n’est plus facile que de fredonner quand on rentre chez soi ou au quartier, plus dur quand on part à l’aventure ou en exercice tactique. Je ne dis pas que les premiers  braillaient parce qu’ils allaient faire la guerre, je dis qu’ils chantaient parce qu’il fallait se donner du courage.
Aujourd’hui me revient à l’oreille leur chant ; aujourd’hui, je trouve qu’il convient à nous qui sommes en reconversion.
C’était, par exemple, l’adieu du Bataillon de choc ; vous souvenez-vous ? Il disait :

 

« La route vers l’inconnu est toujours bien venue, 
Le but est devant nous, braquant les armes.
La défaillance exclue, plus rien ne compte plus, 
Pour nous c’est le devoir, pour vous les larmes »

 

Oui ! L’heure a sonné…
Mon propos est, en m’appuyant sur ces paroles, d’appeler à la  « confiance en soi » qui émane dès lors qu’on pose soigneusement « un pas après l’autre ». Car de quoi est-il question quand on parle de reconversion, sinon de « quelque chose » d’aventureux qui, énigmatique par nature, fasse « peur » et, sinon tomber, du moins piétiner sur place et tourner en rond ?
Or c’est précisément cette frousse qui est un frein et qu’il faut minorer. En effet, s’il est vrai que, toute transformation engendre une anxiété, il est possible de lever ce stress.
Loin d’être synonyme d’angoisse et d’égarement, la reconversion devient  alors source de plaisir et d’enrichissement personnel.

 

2. LA PEUR EST PRIMAIRE, MAIS NON MAITRESSE.

 

La science  procure la clef pour garder en toute circonstance la maitrise de soi-même.
Partons de cette théorie : le cerveau humain serait constitué de trois cerveaux successivement acquis.
Le premier  cerveau  est  dit « reptilien » (500 millions d’années).  Il est responsable des comportements primitifs assurant nos besoins fondamentaux. Le deuxième, le « mammalien » ou « limbique », favorise les émotions et déclenche les réactions d’alarmes. Le dernier, le plus récent, le « cortex » est le siège de la logique, du langage et de l’anticipation des actes. L’inconvénient est que dès que nous nous faisons une montagne d’un événement, aussitôt  la peur croît en flèche, ce qui a pour conséquence de diminuer la raison. Donc, pour ne pas céder  à la panique, il importe de concevoir avec objectivité la difficulté afin de minimiser la peur de sorte d’impliquer le discernement.

Autrement dit, au lieu de céder au cerveau archaïque qui pousse à fuir ou à combattre, nous
devons solliciter notre troisième cerveau, lui seul étant capable de réduire l’inhibition due à
l’amygdale.

 

3. COMMENT NE PLUS AVOIR PEUR ?

 

Pour donner la primauté à l‘intelligence sur l’instinct (c’est un minimum au fil des siècles…), la solution consiste à voir la montagne à déplacer non comme une masse homogène impossible à bouger, mais comme un tas de cailloux aisés à transporter.  De fait, soit vous continuez à considérer votre reconversion telle une rupture fondamentale, ce qui obligatoirement provoque en vous une frayeur paralysante. Soit vous choisissez de la regarder comme un changement, non point suprême (on jette  tout, on ne garde rien), mais évolutif, ce qui crée une volonté de cheminer plus avant. Ce mot « cheminer » est approprié puisqu’il conduit à pratiquer des petits pas et vous
entraine à aller loin et sûrement (du type : ménager sa « monture »). Ainsi, face à votre reconversion, plutôt que de vous épouvanter à l’idée de ce qu’elle peut  représenter globalement, demandez-vous par quelle étape elle commence et visualisez-en les  orientations.
Lorsque nous avons appris à sauter en parachute, les moniteurs ont axé leur leçon sur le pas à franchir à la portière avant l’ouverture du pépin et la réception au sol. Faites de même ! Votre reconversion débute par sortir du monde de la défense, ensuite par  identifier une voie et la suivre, enfin par trouver un emploi. Et ainsi, chaque jour suffisant sa peine, vous serez à même d’enjamber tout obstacle et de
poursuivre votre trace tel le montagnard qui fait des pas d’autant plus petits que la pente est forte.

4. PLUS C’EST PETIT, MIEUX C’EST…

Nous venons de l’admettre, si l’enjeu est intimidant, la peur verrouille la créativité ; « qui voit tout en noir ne peut penser blanc ! » Dès lors, le moyen le plus simple pour recabler votre système nerveux et desceller le blocage qui enraye votre inventivité est de toujours faire « simple et continu ». Cette technique est le « kaizen ». En japonais, le mot signifie changement (kai) et bon (zen). Avant de l’introduire au pays du Soleil levant qui l’utilise encore, les Américains s’en sont servis pour booster les entreprises durant la 2ème guerre mondiale.
Cette technique incite chaque employé d’une chaîne de production à analyser à son niveau  ce qui pourrait améliorer l’ensemble du processus général. Ainsi, au lieu de concevoir une transformation radicale sans garantie de réussite,  l‘alternative consiste à se fixer des objectifs modestes et graduels. En se concentrant sur de légers efforts plutôt qu’à s’engager dans de lourds travaux, le  bouleversement envisagé est davantage couronné de succès.

Appliqués à la reconversion, ces petits pas progressifs et constants reviennent non à clamer « Je veux un travail » mais à se poser inlassablement (à soi-même, à sa famille, à ses amis…) « Quel petit pas, si insignifiant soit-il, pourrais-je faire pour avancer ? ».

Le kaizen est salutaire, d’abord parce qu’il réduit la vision du challenge donc l’impact des tracas, ensuite parce qu’il vaut mieux marcher dans la bonne direction que de courir dans la mauvaise. En plus, il apprend la patience, ce qui est la meilleure maitrise du temps qui soit ; d’autant qu’en reconversion, il en faille une bonne dose !

5. TOUS EN AVANT…

En conclusion, pensez avec votre cerveau, ne laissez pas votre cerveau penser à votre place, au lieu du pire imaginez le meilleur, bannissez les prises de tête stériles et négatives (au « Pourquoi je n’y arrive pas », préférez « Comment puis-je y arriver ? », au « Pourquoi suis-je nul » le « Qu’estce que j’aime en moi ? », etc.)
Soyez convaincus aussi que ce sont les petites questions qui font les grandes réponses et dites-vous qu’il n’y a que le premier pas qui compte. D’ailleurs, il n’y a jamais de premier petits pas, il n’y a que des petits pas partout. C’est à vous d’en faire à chaque fois un premier à relier à un autre, et ainsi de suite… « Même un voyage de mille kilomètres commence par un premier pas. » écrivait Lao Tseu.
Enfin, n’oubliez pas de vous tenir à un credo personnel optimiste et enthousiaste, hardi et humble. Ne vous trompez pas d’objectif : la reconversion part de vous et y revient. Autrement dit l’emploi n’est pas le but ; la seule fin qui vaille c’est vous-même.
Raison supplémentaire pour apprécier, aux grandes enjambées qui essoufflent, les petits pas tranquilles qui reposent et permettent d’atteindre les cimes. Alors, à votre tour, « la défaillance exclue », de chanter en chœur à pleins poumons:

Nous nous en allons par les chemins. /Le cœur léger avec un sourire, /Les yeux fixés sur l’horizon…/…
Nous sommes ici taillés d’un bloc. /Tous en avant…

Quant à moi, au nom d’implic’action, il me reste à conclure par ces « petits » mots qui en disent long sur notre Association :
« Restons unis et la victoire est sûre. » Trois-Quatre !