C’est encore d’actualité et en dépit d’une égalité salariale inscrite au préambule de la Constitution depuis 1946, les femmes sont encore payées 27{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} de moins que les hommes en moyenne. D’où vient le problème et comment le dépasser ?

« À travail égal, salaire égal »

Stipulait la loi du 22 décembre 1972 relative à l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes. L’égalité salariale, voilà un postulat qui semble couler de source, car un résultat c’est un résultat, et quel que soit le genre de celui ou celle qui le produit, et jusqu’à preuve du contraire, ce résultat n’a pas de sexe.

Des lois et des applications

Or, malgré les trois lois consécutives à celle de 1972 (1983, 2001, 2006), la parité salariale hommes-femmes est toujours nettement à la traîne puisque la France se situe en 2011 au 131ème rang mondial, loin derrière l’Islande, première, suivie de la Norvège et de la Finlande : c’est ce qu’indique le rapport mondial sur les inégalités entre les genres du Forum de Davos. Comme c’est souvent le cas en termes d’avancée sociale, les nordiques dament le pion aux latins.

N’importe quel salarié devrait non seulement disposer des mêmes droits, mais surtout en bénéficier concrètement. Pourtant, à chaque fiche de paye, des millions de femmes mesurent en Euros à quel point l’inégalité salariale est palpable. Et pour ce qui est des sanctions, trop peu nombreux sont les inspecteurs du travail pour constater les infractions. À moins qu’en dehors de toute implication de l’État, ce ne soit la volonté qui manque…

Une économie réelle sexuée ?

Suivons un raisonnement cartésien : si les salaires sont plus élevés chez l’homme que chez la femme, les produits de consommation courante sont-ils pour autant moins chers pour elles ? Non. Bénéficient-elles d’une ristourne de 27{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} lorsqu’elles se rendent au restaurant ou qu’elles règlent leur loyer ? Pas davantage. D’ailleurs, un propriétaire accepterait-il un loyer revu à la baisse d’une locataire au motif « Je gagne moins que mes collègues masculins, alors j’ai pensé que vous accepteriez que je paie moins mon loyer ». Il est probable que non. Ce serait pourtant logique.

L’économie à deux vitesses existe encore, malgré l’avancée des mœurs et la volonté de certains. Pourquoi ?

Délit de maternité

On sous-entend qu’une femme est potentiellement synonyme de congé maternité… et le congé maternité coûte à l’entreprise. Certaines entreprises justifient une rémunération moins élevée des femmes pour cette raison précise. Que ces femmes fassent ou non des enfants et que ces entreprises appliquent une décision arbitraire injuste et illégale ne change rien à l’affaire : la probabilité existe et elles en portent les conséquences.

Conséquence directe de la maternité mais pas seulement : les femmes sont souvent contraintes d’accepter un temps partiel imposé, d’interrompre leur carrière ou de prendre des métiers moins bien rémunérés. Mais ça n’est pas la raison principale car même pour celles qui ne sont en rien concernées par ces conditions, une différence de 17{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} demeure. À cela, que justifier ? Des emplois « invisibles », moins productifs immédiatement ? Une force de travail moins reconnue ? La complaisance d’un milieu de dirigeants composé en majorité d’hommes à l’endroit d’autres hommes ? Un sexisme primaire ? On peut s’interroger.

Et demain ?

Difficile de le nier : malgré les sanctions prévues contre les entreprises ne se pliant pas à la réglementation en vigueur, certaines continuent à discriminer par le salaire. Attendues depuis 2006, de nouvelles mesures de sanction doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2012, mais elles laissent sceptiques tant les pénalités risquées menacent peu les entreprises.

Dans ce domaine, c’est au tour du privé de montrer l’exemple. À elles d’ouvrir un cercle vertueux.

Qu’en pensent les femmes ?

S’inquiétant de savoir quelles solutions envisageaient les principales intéressées quant aux problèmes d’inégalité hommes-femmes, l’IFOP a mené un sondage sur les mesures à prendre en matière de droits des femmes dans lequel il est indiqué qu’en priorité, 84{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} des femmes veulent le même salaire que les hommes. Si l’égalité salariale est une priorité — et qu’elle est bien légitime — on peut même se demander ce que pensent les 16{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} restants ?

Pour ce qui est de savoir ce que les femmes imaginent de leur avenir salarial et de l’amélioration de celui-ci en regard de celui de leurs collègues masculins, 53 {c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} des personnes interrogées estiment que «la France est un pays sexiste où la parole des femmes ne vaut pas celle des hommes». L’essentiel est dit.

Dans un pays où elles ont l’impression de ne pas être écoutées, il s’agit désormais de leur donner tort, ce qui sera cette fois-ci, une bonne nouvelle pour elles.