Fréquemment, les personnes qui démarrent une recherche d’emploi commencent leur entretien avec leur consultant en lui confiant, un peu comme une complainte et un aveu d’impuissance résignée :
— De toute façon, je ne sais pas me vendre !

Détresse, appel au secours face à un problème tellement haut et profond ; le candidat a l’impression de se trouver devant une montagne ou un océan infranchissable.

Il est très surpris lorsqu’il m’entend lui dire :
— Tant mieux ! Oui, il est bien normal que vous n’arriviez pas à vous vendre. En effet, vous n’êtes pas à vendre !
Étonnement, regard incrédule ; je poursuis avec ces questions :
Pensez-vous réellement que vous soyez à vendre ? Vous êtes une personne, un être unique ; peut-on vendre une personne ?

La perplexité pénètre dans l’esprit de mon interlocuteur.

Il/elle doit bien admettre qu’il/elle est une personne et que nul ne peut vendre une personne. Sauf les marchands d’esclaves.

Le prix d’une personne !

D’ailleurs, quel est le prix d’une personne ? A-t-elle seulement un prix ?

En effet, nombreux sont les hommes et les femmes qui « se vendent » sans être réellement conscients de ce qu’ils font. Ils/elles disent lors de leurs recrutements ou lors des discussions sur les salaires : « Je vaux tant ». Nombreux sont aussi les responsables qui achètent des personnes sans en être vraiment conscients.

Jeune cadre, je sortais de mes entretiens de recrutement en me disant ou en disant à ma femme :
— Cette fois je me suis bien vendu.
Ou bien, à l’inverse :
— Là, je ne suis pas satisfait ; je me suis mal vendu.

A l’époque, outre l’échange sur le contenu du poste, je faisais des efforts démesurés pour séduire mon interlocuteur. Et souvent, cela ne marchait pas si mal. Le recruteur me trouvait sympathique, ouvert, entreprenant ; j’étais capable de le mettre dans ma poche. Il était séduit par ma personnalité.

C’est ainsi que se font beaucoup de recrutements : on achète ou on vend une personnalité. On ne cesse d’entendre des dirigeants, parmi ceux des plus grandes firmes, répéter :
— Nous nous intéressons avant tout aux personnalités.

Certains vont même jusqu’à affirmer que les compétences n’ont pas beaucoup d’importance, pourvu qu’il y ait une personnalité ; des personnalités rigoureuses, dynamiques, évolutives, ayant l’esprit d’équipe, comme il est écrit dans de nombreuses annonces !

La quasi-totalité des livres et manuels destinés aux chercheurs d’emploi promettent monts et merveilles et surtout qu’ils vont leur apprendre comment “se vendre”.
— Vous êtes comme un produit, et vous allez apprendre à faire votre propre marketing.

Nous allons vous enseigner à vous vendre.

Compétences et personnalité.

Et bien non ! Aucune personne n’est à vendre. Par contre vous avez quelque chose à vendre, quelque chose qui a une valeur, quelque chose qui est à monnayer : vos Compétences, Aptitudes, Motivations et Expériences – votre CAME – et vos relations.

Lorsqu’on accompagne des personnes en recherche d’emploi, deux évidences apparaissent : beaucoup de gens ne savent pas ce qu’ils ont à vendre et à plus forte raison, ils ne savent pas comment le vendre.

On peut également affirmer que la plupart de nos contemporains ne font pas la distinction entre ce qu’ils sont et ce qu’ils ont. C’est la grande confusion entre l’être et l’avoir. Une personne est constituée de plusieurs instances : le corps, l’esprit, l’intelligence cérébrale, la sensibilité, la conscience et, au plus profond de la personne, l’être et de composantes : la personnalité, l’avoir et l’agir.

– L’avoir : ce que nous accumulons comme CAME ;
– l’agir : les actes que nous posons.

Notre CAME et nos actes peuvent s’observer, se mesurer et être valorisés.

Nos données spirituelles et psychologiques sont insaisissables, complexes, mouvantes. Elles évoluent, se développent et croissent en même temps que notre être dont la vocation est de se réaliser pleinement dans l’action. L’ensemble de ces données s’appelle la personnalité ; c’est la partie immatérielle de notre personne, elle ne peut être captée. Ceux qui prétendent appréhender une personnalité, la leur ou celle d’un autre, commettent une grave erreur. On peut approcher une personnalité, la fréquenter, l’apprivoiser, l’aider à évoluer, mais pas se l’approprier. Une personnalité est comme un jardin secret, une propriété privée et sacrée.

Il faudrait respecter la personnalité de l’autre et s’interdire d’y pénétrer par effraction ou précipitamment. Pourtant, de nos jours, des centaines, des milliers de personnalités sont quotidiennement pénétrées avec ou sans le consentement des personnes concernées.