Sommes-nous condamnés à être coupé en deux ? Une vie privée d’un côté et une vie professionnelle de l’autre ? Une vie dans laquelle on fait ce que l’on veut d’un côté et une vie pendant laquelle on ne pense qu’à son travail de l’autre ? La réalité est beaucoup plus nuancée. Commençons par un constat.

Un constat : la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle s’estompe

La limite entre ces deux vies s’estompe peu à peu. La frontière entre privé et professionnel est ainsi poreuse pour beaucoup de cadres qui doivent être joignables tout le temps. Cette demande de connexion permanente à leur travail émane parfois de leur employeur, en raison de leur missions spécifique. Cette demande peut aussi venir des cadres eux-mêmes qui ne veulent ou ne savent pas décrocher de leur travail.

Le télétravail sape lui aussi un peu la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Là encore la demande de télétravail peut venir des salariés qui y trouvent souvent leur compte. Le télétravail peut également être proposé par les entreprises qui y voient elle aussi leur intérêt.

Dernier indice de cette frontière qui s’estompe : le BYOD (Bring Your Own Device). Cette pratique permet aux salariés de venir travailler avec leur propre matériel, souvent informatique. Avantage pour le salarié : il possède parfois du matériel plus performant que celui mis à sa disposition par son employeur. Sans compter qu’il le maîtrise en principe mieux. Enfin, le salarié peut emporter son matériel pour finir son travail chez lui. Le salarié qui travaille avec son propre matériel sera en principe plus efficace dans la mesure où il le connaît très bien.
Avantage pour l’entreprise : elle n’a plus besoin d’investir dans le matériel qu’utilise son salarié. Le seul risque que cette pratique peut engendrer concerne la sécurité du réseau informatique. Cette pratique reste tout de même avantageuse pour les entreprises l’ayant mis en place.

Un principe : un salarié a une vie privée dans l’entreprise

« Le salarié a droit, même au temps et lieu de travail, au respect de l’intimité de sa vie privée » . Voilà le principe général concernant la question de la vie privée des salariés dans l’entreprise.
Plusieurs textes généraux comme l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme et l’article 9 du code civil posent ce principe. Le code du travail reprend lui aussi à l’article 1121-1 ce principe.

Les tribunaux ont eux aussi complété ce principe. Ils ont ainsi peu à peu défini les contours de ce qu’il faut entendre par vie privée des salariés au sein de l’entreprise. L’intérêt de l’entreprise permet toutefois de limiter la portée de ce principe.

Nous traiterons dans notre prochain article de quatre domaines dans lesquels la vie privée des salariés est en balance avec les intérêts de leur entreprise.