Développer son personal branding, être là comme si on était omniprésent sans y être physiquement, à travers les blogs, les réseaux sociaux ou le microblogging, mettre en ligne son CV pour être visible des recruteurs, créer son propre site pour valoriser son expérience : c’est le service minimum du chercheur d’emploi sur la Toile.

L’arroseur arrosé ?

Que de chemins de traverse pour arriver à convaincre un DRH de vos compétences, que de techniques à maîtriser pour décrocher le job ! Mais attention aux faux pas ! Les informations que vous laissez sur le web sont parfois indélébiles, il ne s’agirait pas qu’elles se contredisent ou pire : que quelqu’un d’autre que vous se charge de vous faire apparaître sans votre consentement sur un site qui dévaloriserait votre image.

Je te googlise, tu me googlises, ils se googlisent… tous.

Pour savoir où en est votre e-reputation (ereputation, réputation numérique, cyber réputation, identité numérique, Net réputation : les dénominations sont pléthore mais le sens est le même : maîtriser votre image sur le Net), le B.A.-BA consiste à taper votre nom dans un moteur de recherche. Googlisez-vous comme vous googlisez les autres avant que votre futur employeur ne tombe sur une photo de vous prise un samedi, 3h du matin à la sortie de fête de la bière, ou qu’il ne s’aperçoive que vous avez signé une pétition pour la dépénalisation du cannabis (ce qui peut faire mauvais genre, outre des arguments anti-mafia que vous saurez certainement avancer). En outre, ne pas vous googliser passe aujourd’hui comme un manque de professionnalisme : comment un recruteur peut-il en 2012 faire confiance à une personne qui ne sait pas maîtriser l’outil Internet en laissant filtrer des informations négatives sur soi ? Vous êtes potentiellement l’image  que votre futur recruteur est susceptible de vous confier : soyez sans aspérité. Il ne vous confiera pas les clés de la Roll’s si vous ne savez pas la conduire.

Soyez infidèles, c’est bon pour votre e-reputation !

Pensez aussi à aller au-delà des trois premières pages (de l’autre côté, le recruteur ira bien plus loin) et pensez que si la googlisation est un terme générique pour désigner qu’on exerce une veille sur un sujet, d’autres moteurs font « le job » (bien qu’on ne dise pas se Yahooiser, Bingiser Untel ou Ecosiaiser Machin) : ne vous limitez donc pas à Google ! Yahoo, Bing, etc. vous fourniront d’autres sources (certains moteurs, dont Doona ou Ecosia, reversent même une partie de leurs bénéfices à des ONG humanitaires ou écologistes. Vos clics de veille sur votre e-reputation peuvent contribuer à sauver le monde ; merveilleux, n’est-ce pas ? ). Mieux, utilisez les métamoteurs qui vont vous permettre d’éliminer les résultats similaires trouvés sur différents moteurs de recherche, ils vous éviteront un travail fastidieux de comparaison par vos propres moyens (Metacrawler ou Ixquick, par exemple. Ixquick ayant l’avantage de ne pas conserver les adresses IP et Metacrawler celui d’être international. Mais il en existe beaucoup d’autres).

Effacer ses traces, une démarche pas seulement digitale

Maintenant que vous avez le réflexe numérique de base du parfait petit geek en recherche d’emploi, vous constatez que – incroyable ! – vous êtes cité en de nombreux lieux… ou plutôt liens, dont certains que vous préféreriez éviter. Vous vous empressez de les contacter pour qu’ils vous suppriment de leur site et souvent, cette démarche peut être effectuée sans heurt et très rapidement. Or, certains sites peuvent vous renvoyer plus qu’un email confirmant la suppression de vos données : ils peuvent demander confirmation par fax ou courrier signé par vous-même, comme c’est le cas des sites de bilans sur les sociétés. De surcroît, sachez que la suppression de vos données n’entraîne pas la suppression immédiate des listes de résultats des moteurs de recherche, laquelle n’interviendra qu’après une nouvelle mise à jour de leur part, à l’issue d’une période de quelques jours variables selon les moteurs. Quant à maîtriser ce délai, impossible de le savoir ni de tenter d’intervenir sur le site qui vous semble porter préjudice, ils vous répondront « Ce délai est incompressible : nous ne pouvons intervenir sur leur indexation ni sur leur mise à jour ». Croisez les doigts qu’aucun recruteur au collaborateur plus ou moins proche de celui-ci ne tombe sur ce site avant complète disparition de vos données…

Une affaire qui fait réfléchir

Rappelons à ceux qui voudraient jouer avec le feu que l’affaire Alten contre des employés du groupe de Boulogne-Billancourt a rendu le dénigrement sur Facebook motif de licenciement pour faute grave. En effet, le jugement rendu par le conseil des prud’hommes du 19 novembre 2010 a estimé fondée la décision d’Alten de licencier trois de ses salariés pour avoir « nuit à l’image de la société », en indiquant entre autres que « les propos échangés ne peuvent en rien permettre de les qualifier d’humoristiques (sic) ». L’humour c’est bien, l’ironie contre son employeur, c’est faute grave.

Moralité : il vaut mieux prévenir que guérir. Si vous souhaitez soigner votre e-reputation, réfléchissez aux répercussions que pourront avoir vos traces sur la Toile avant de vous glisser dans la peau d’un Robin des Bois du Net.