intérim avantagesPour certains, l’intérim est un choix de vie. Mais si cette façon de travailler peut convenir à certains pendant des périodes plus ou moins longues, elle leur impose aussi de prendre certaines précautions.

Associé à tort à la précarité, et au travail mal rémunéré, l’intérim fait encore l’objet de considérations réductrices. Symptôme d’un marché du travail malade pour les uns, l’intérim est pourtant considéré par bien des salariés comme une modalité d’embauche à la fois souple et pratique. Quel que soit son profil et son niveau de rémunération, l’intérimaire peut en effet apprécier l’équilibre entre liberté et sécurité que procure ce statut.

L’intérim : un mode de travail de plus en plus choisi

Nicolas, 32 ans, conducteur d’engins et chauffeur poids lourds, travaille en intérim depuis 2002 et répartit son temps de travail entre ses deux professions. Interviewé par le Fonds d’Action Sociale du Travail Temporaire (FASTT) dans le cadre d’un documentaire, il décrit sa vie professionnelle : « je trouve un peu plus de travail l’été en tant que conducteur d’engins, et un peu plus de boulot l’hiver en temps que chauffeur routier […], en tant qu’intérimaire on fait de belles rencontres, il faut juste accepter de ne pas toujours décrocher la mission de rêve ».

« Ça ne me dérangerait pas de continuer l’intérim », explique pour sa part Lydia, 34 ans, responsable en recouvrement de crédit et intérimaire depuis 14 ans. Mais cette mère célibataire de deux enfants tempère toutefois son propos : « je peux me retrouver sans poste pendant plusieurs mois […], c’est un risque que j’ai peur de prendre désormais ».

Tout n’est pas noir dans le monde l’intérim, loin de là. Et plutôt que d’associer ce statut particulier à la précarité, on peut aussi y voir un mode de vie. Car être intérimaire, c’est aussi avoir le droit de choisir, du moins lorsque la conjoncture y est favorable ! C’est le constat dressé par l’Observatoire des Métiers et de l’Emploi (anciennement Observatoire du travail temporaire) dans son étude annuelle intitulée Regards croisés sur l’intérim. D’après l’OME en effet, 46 {c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} des intérimaires ont justifié leurs refus de missions 2013 par les « caractéristiques » de celles-ci (trop loin du domicile, inadéquation avec les qualifications, niveau de rémunération insuffisant) et 42 {c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} l’ont expliqué par des engagements professionnels contractés par ailleurs (dans une autre agence d’intérim par exemple).

Du reste, 93 {c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} des intérimaires se déclaraient satisfaits de l’intérêt des missions confiées, tandis que 85{c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} d’entre eux l’étaient des niveaux de rémunération proposés. Ils seraient d’ailleurs 67 {c8c691660c1801e9fbd5490b08281288f3a5e81b02065e584db8b8aea2fc01a5} à envisager de continuer à travailler de cette façon. La pratique recouvre donc des réalités très diverses, plutôt choisies que subies. Ce constat étant posé, il n’en reste pas moins que le statut d’intérimaire, encore largement considéré comme précaire, devient problématique pour accéder à de nombreux services pourtant fondamentaux. Une difficulté qui peut vite devenir une véritable source de tracas pour les démarches de la vie courante.

 

La sécurité : une préoccupation centrale

C’est notamment pour cette raison, comme le rappelle Bertrand Da Ros, directeur général de l’assurance complémentaire SMI, que certaines mutuelles « assure[nt] aujourd’hui à titre individuel des salariés de l’intérim qui bénéficient par ailleurs d’une aide du FASTT ». Le Fonds d’Action Sociale des Travail Temporaire est l’organisme associatif chargé de participer, sous certaines conditions, au paiement d’une partie des souscriptions des travailleurs intérimaires à une assurance maladie complémentaire. « Compte tenu de la particularité du métier d’intérimaire », poursuit Bertrand Da Ros, « ce partenariat avec le FASTT permet la mise en place un dispositif de gestion ad hoc permettant aux intérimaires de bénéficier pleinement de leur mutuelle ». Mais les difficultés potentielles de l’intérimaire ne se bornent pas à la question assurantielle.

« Tout comme le crédit à la consommation, l’obtention d’un prêt immobilier est plus difficile dans le cadre d’un contrat de travail temporaire », précise ainsi Guillaume Duprez, dans un ouvrage intitulé Travailler avec l’intérim. L’intérimaire, dont la situation financière ne suit pas une progression continue dans le temps, est considéré comme un public à risque par les banquiers. Pour rassurer les institutions les plus frileuses, des solutions existent toutefois d’après Guillaume Duprez qui conseille également de faire appel au FASTT : « des conseilleurs financiers établissent un diagnostic personnalisé et offre une aide à l’élaboration du plan de financement ». Une aide mobilisable pour quiconque dispose d’un apport initial suffisant, justifie d’une certaine ancienneté (1 600 heures) dans l’intérim et d’une activité professionnelle au cours des trente derniers jours.

L’intérim a, en définitive, les défauts de ses qualités : il offre plus de flexibilité, mais s’accompagne d’une moindre solvabilité, aussi théorique soit-elle. Mais il ne faut toutefois pas en déduire que l’intérim est nécessairement moins sécurisant. Avec un peu d’organisation et à condition de solliciter les bons interlocuteurs, l’intérimaire peut se mettre à l’abri du risque et accéder aux mêmes conditions de services que n’importe lequel des salariés, ou presque. « Où m’assurer ? » « Comment emprunter ? » « Quels sont mes interlocuteurs pendant les périodes d’inactivité ? » : voilà autant de questions élémentaires que tout intérimaire doit se poser pour sécuriser un parcours de vie marqué par la flexibilité professionnelle. Cela peut paraître contraignant, mais c’est le prix de la souplesse !

Laurent MARIE, spécialiste Recrutement